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  le blog du café repaire de Metz

Idée initiale de Daniel Mermet dans son émission "là-bas si j'y suis", le café-repaire est un lieu de débat citoyen, il en existe plusieurs dizaines en France (et ailleurs) ; les participants, sur un thème donné, échangent des points de vue, des infos, des idées,... - - * * * * * - - Le café repaire de Metz a été créé le 6 mai 2006 et mis en sommeil depuis le 6 juillet 2019 après donc 13 ans et 3 mois d'existence. - - * * * * * - - Mise en sommeil provisoire ou définitive ? L'avenir le dira !

Le rendez-vous du mois de décembre 2017

Publié le 8 Décembre 2017 par leRepaire in le rendez-vous du mois

Le rendez-vous du mois de décembre 2017

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Tout le monde (ou presque) connaît les "cités radieuses" de l'architecte Le Corbusier.

La plus célèbre de celles existant en France (quatre en tout) , c'est celle de Marseille, surnommée "la maison du fada" bâtie entre 1945 et 1952 - la plus célèbre,  la plus aboutie et la plus conforme au concept développé par cet architecture.

Les trois autres sont : Rezé bâtie en 1955 (près de Nantes),  Briey-en-Forêt en 1959 (Meurthe et Moselle) et Firminy en 1964 (Loire).

Le Corbusier voulait un bâtiment conçu pour que ses habitants s'y sentent comme dans un village, avec des commerces au rez-de-chaussée, des écoles à proximité, etc...

Non loin de Metz, à Briey, donc, une "cité radieuse" a été construite à la fin des années 50. Cela ne s'est pas aussi bien passé qu'à Marseille.

D'abord acceptée, sa construction a été contestée, puis, finalement, effectuée - mais dans des circonstances liées aux problèmes de l'époque.et pas tout à fait finalisée selon la volonté de l'architecte.

Nous étions en période de "guerre froide", les armées de l'OTAN venaient s'installer en France : il y avait également la guerre d'Algérie et le souci d'accueillir les "pieds noirs".

Il fallait trouver des logements . C'est ainsi que, dans un premier temps, ce sont des soldats canadiens qui l'ont habitée.

De commerces au rez-de-chaussée, point - et pas d'écoles à proximité.... dans un premier temps.

Une autre raison qui a finalement poussé à sa construction : Briey est la sous-préfecture du département de Meurthe-et-Moselle et elle avait moins d'habitants que Longwy dont la population s'était agrandie des ouvriers travaillant dans les mines ; cette ville risquait de supplanter Briey...

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Quelques années plus tard, la cité radieuse de Briey a trouvé son utilité première : être habitée par des familles - les commerces, les écoles, ... ont été ajoutés.

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Parmi les participants à ce rendez-vous, deux personnes y ayant vécu apportent leur témoignage.... positif et même très positif.

Le Corbusier ne voulait pas de "couloirs", il voulait des "rues" à chaque étage - ainsi, les habitants se rencontraient, se croisaient comme dans les rues d'un village - ce détail qui n'en est pas un fait toute la différence.

Il y régnait ainsi un esprit de solidarité très appréciable... exemple : personne ne fermait sa porte à clé, les enfants revenant de l'école allaient sans problème chez un voisin si leurs parents étaient absents quand ils arrivaient et c'était... naturel.

D'autre part, les pièces étaient conçues pour contenir le moins de meubles possibles - placards partout, cuisine équipée, des astuces pratiques - des portes coulissantes étaient ainsi recouvertes d'ardoise, ce qui permettait aux enfants d'y dessiner ou d'y écrire ce qu'ils voulaient.

Hélas! La construction de la "cité radieuse" de Briey ayant été un peu bâclée, le bâtiment a mal vieilli. Il est mal isolé, certains de ses habitants actuels se plaignent d'avoir froid en hiver et trop chaud en été.

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Le thème de ce rendez-vous étant "l'importance de l'architecture dans le "vivre ensemble" en milieu urbain", nous pouvons affirmer qu'en ce qui concerne la cité radieuse, le concept souhaité par Le Corbusier est une réussite : les habitants se sentaient bien ensemble.

Une personne parle alors d'autres formes d'habitat, comme les cités minières dont tous les habitants dépendaient des patrons industriels, pas seulement en ce qui concerne leur emploi, mais aussi leur maison, les écoles, les commerces et même l'église.

Si quelqu'un perdait son emploi, il perdait aussi tout le reste.

L'exemple le plus frappant, c'est "Bataville", en Lorraine. Construite dans les années 1930 autour de l'usine "Bata" (fermée en 2001).

" C’était une intégration poussée à l’extrême de la vie ouvrière autour de l’usine, par l’usine, et pour l’usine. Oui, on vivait Bata, on naissait Bata, on se mariait Bata, on mourait Bata. Pour l’anecdote, l’église, construite très tardivement, était conçue pour ne pas dépasser la hauteur du moindre bâtiment de production, la religion officielle devant rester le travail et le mérite. " (1)

" Bataville était au moins jusqu’au début des années 70 un système redoutablement efficace, allant au bout d’un concept mélangeant socialisme utopique, pensée objectiviste et paternalisme. Ce système procurait aux ouvrières et aux ouvriers des conditions de vie indéniablement «idéales» ... Tout ceci génère une certaine idée de «bonheur obligatoire», ... "(1)

Une discussion s'engage : certains s'insurgent contre cette infantilisation des travailleurs, d'autres pensent que le confort de vie qui leur été ainsi offert compensait leur aliénation.

La majorité est plutôt contre cette forme de paternalisme poussée à l'extrême.

Bref, ce concept d'architecture dérange plus qu'il ne plaît -  Où est la liberté dans ce type de cité ? Quel choix de vie avaient les habitants ? Ceux qui n'allaient pas à l'église étaient montrés du doigt, par exemple. D'ailleurs, y en avait-il qui osaient ne pas y aller ?

Nous concluons sur ces questions.

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Merci à tous les participants pour leur implication dans ce débat et leurs interventions intéressantes.

 

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